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娜塞拉·凯奴(Nacèra Kaïnou)2019年12月21日在西安市沣东新区汉唐学院举行的丝绸之路艺术教育论坛上的发言全文如下,现场同传和整理者中鈞:
美不证自明,不显自现。她的本质看似陌生,却又如此熟悉,既无法归结为完全主观的感知或情感,也无法用完全客观的理解或上天的启示来阐释。和谐、达到真理或者一种更高意识状态的体验,有时是最终达到崇高陶醉状态的最高体验。美与真善同样享有伟大的柏拉图式理想价值的盛誉。通过我们的感官,无论是作为头脑的概念还是非物质的抽象,美的存在对我们来说都是显而易见的。就像神圣的原则一样,她的存在超越于时间和历史之外。中国艺术无疑比其他艺术更好地克服了对普世性追求的历史维度:艺术必须超越生活,而不仅限于特定的现实,从而使我们摆脱时间因素(的束缚)。毫无疑问,这让我们摆脱了历史的局限,而这甚至是艺术的主要功用之一。
艺术揭示了可视世界的不透明性背后隐藏的东西,艺术家掀开了蒙在现实上的纱布的一角。 美以最多样化的形式呈现给我们,并超越一切形式。对于德拉克洛瓦(Delacroix)来说,美是灵魂之间的桥梁。像所有普世性价值一样,它从高处消除了人与人之间的鸿沟。尽管对于长期以来无视具有悠久声誉的其他悠久文明或传统西方人来说,对美的歌颂似乎也是他们特权,而其主要参照系是源于古希腊罗马文化中人类在宇宙中的中心地位。亚洲一直以来都产生着出色的艺术品和艺术家,与欧洲不同的是,它的艺术没有定格在人体上,诸如男性或女性的裸体。亚洲的视角与西方迥异,人不再是“万物的尺度”,而是“宇宙中的微尘”。
当被问及艺术家是否展示了一种简化的,僵化的美感时,因为与自然相比的时候,作品似乎总是缺乏生命,巴尔扎克在《无名的杰作》中写道“艺术不是复制自然,而是表达自然”。黑格尔声称艺术无法与自然竞争,模仿自然的野心注定要失败。哪怕用尽艺术家所拥有的所有手段,绝不可能忠实地再现自然,因为自然的核心原则就是生命。因此,艺术家必须通过某些技巧来弥补这种不可避免的损耗。
现在,无论何种现实,对我们来说,永远都只会以某种头脑的数据呈现给我们:我们所谓的世界是我们感官和智慧的产物,是通过精神对事物的意识在思想中的产物,这种产物至少可以与事物的本质等量齐观。因此,任何艺术作品都必然是灵魂的表达,即使它看起来只是物体的重现。对于柏拉图而言,艺术家并不能抓住自然的本质,而只能捕捉能被感知到的外表。艺术家越具有天才,那么他就越能在反映世界的时候将其改头换面。因此,培根的话很有深意:ars homo additus naturae (艺术是人加上自然)。因此,进出超越他自己的一部分,用安德烈·马尔罗(André Malraux)的话来讲: “我们喜欢艺术这个词的意义在于,它试图使人们意识到被他们所忽视的自身的伟大”。
但是,中国画不仅是艺术家所见或所想的视觉表现,更是一种思维方式的表达,彰显了人与宇宙之间的和谐,以及这种关系的动态性。我对中国艺术的理解与司汤达(Stendhal)的这句话遥相呼应:美只是幸福的承诺(或者爱的承诺)。优美和上天的启示因为不期而得而比美更美,它因为意想不到而具有独特的魅力,而一般的美则是与我们对美的观念息息相关。显而易见,中国艺术之杰出贡献也是“普世大美艺术”的象征的一部分。
也许中国比西方国家贡献更大,因为西方国家似乎早已放弃“大美”。因此,美不再是艺术的最高价值。如果浪漫主义继续将崇高的体验留给大自然,但是确实已经将人类与大自然分开,使其成为以自身的苦难为中心而存在的造物,似乎变得孤独、分离、被宇宙忽略,从而遨游在丑的深渊。雨果曾宣称美具有“虚假、猥琐的和循规蹈矩”的特征,而丑则拥有无数可能性并且引人入胜。后来,艺术去美学化的强大思潮成为所谓现代的20世纪的重要标志(原始艺术,贫穷艺术,人体艺术…),卑微、平凡、琐碎,甚至淫秽取代和谐成为时代的新宠。与此同时发生的是二十世纪悲惨的失衡,旧世界稳定的形象消失殆尽:世界大战、屠杀、种族灭绝,这些动摇了人们对人性的信心和十九世纪被珍视的进步的观念,一场惊天动地的造型的革命便应运而生了。
这一过程伴随着从哲学上对西方以笛卡尔主义为代表的理性的质疑,以及精神分析的诞生,打破了意识统一的主体,显示出一个在“我”与各种潜意识状态之间被撕裂的主体存在。艺术家们则推翻了传统的形象规则,打破了对人的形象的表达方式,从而产生了错位、几何化、变形、撕裂的形象。一般而言,现代艺术概念与古典概念大相径庭:美不再存在于完美和理想化的大自然之中,而必须被创造出来。美从此以往将从人类的思想中,而不是自然的秩序之中产生。但是,对于后现代人类来说,审美经验变得非常理性。它来自知识和历史性的文化,因为美的标准随着时代的发展而日新月异。今天,我们需要勇敢地在挑衅、创新、与众不同和视觉暴力中寻找美,简而言之,我们的后现代品味通过可能产生的震撼来评判艺术品的价值,过去的艺术顿时在我们的美学兴趣之前显得索然无味。我们还能称之为美吗?
也许西方没有能够成功地达成从统一到分裂的整合。可能以中国为代表的建立在数千年文明根基上的强大东方文化,可以通过它所蕴含的建立在二元对立基础上运动性带来希望,从而让人类重新踏上追求大美的道路。
对亚里士多德而言,艺术的本质就是模仿自然,但艺术家的意图并不是达到真实,这不是艺术而是科学的目的,艺术家的目的仅在于相似。值此纪念达芬奇诞辰500周年之际,作为艺术精神与科学精神完美融合的代表,以及由此产生的所有在技术、材料、形式甚至运动方面的创新,打开了一条道路,一条在文艺复兴时期已经开启的康庄大道,我们是不是应该重振精神重启朝向大美的航程?更深入地来讲,科学在描述现实的部分之间和和层次之间的关系方面取得了长足的进步,一步步揭示了宇宙运作机制,甚至揭穿了许多生命的奥秘。
因此,“艺术”,这与科学同样充满令人叹为观止的理想、研究、创造以及发现的目标,从而为人类服务,她除了传递普世真理和心灵中的相似性之外,难道不应该拒绝轻浮的挑衅?
在世界的复杂性中运用科学的外骨架在大美的艺术中进行创新,是不是就一定会失去神圣性、神秘性和诗歌性呢?
法语原文 | Texte français de son intervention
La fusion et l’innovation dans l’art de la Grande beauté
Nacèra Kaïnou – Peintre sculpteur
La beauté se prouve sans prouver, se montre sans démontrer, son essence nous semble étrangère et nous paraît pourtant si familière, ne se réduisant ni à une perception ou une émotion totalement subjective ni à une appréhension ou une révélation totalement objective. Sentiment d’harmonie, d’accès à une vérité ou à un état de conscience supérieur, culminant parfois dans l’expérience extatique du Sublime. Le Beau a ce privilège des grands idéaux platoniciens, comme pour le Bien et le Vrai. Concept de l’esprit, abstraction immatérielle, l’existence de la beauté nous est pourtant évidente, par l’intermédiaire de nos sens. Comme un principe divin, elle se situe hors du temps et de l’Histoire. L’art chinois réalise sans doute mieux que d’autres le dépassement de la dimension historique que la quête de l’Universel implique : l’Art doit transcender la vie, ne pas se limiter à une réalité particulière et nous délivrer ainsi du facteur temps. C’est sans doute même une des fonctions premières de l’art que de nous libérer ainsi des limites de l’histoire.
L’art révèle ce qui se cache derrière l’opacité du visible, l’artiste soulève un morceau du voile qui recouvre le réel. La beauté s’incarne dans les formes les plus variées et les transcende toutes. Pour Delacroix elle est un pont jeté entre les âmes. Comme tout universel, elle s’élève au-dessus des divisions entre les hommes. Même si, pour l’Occident, longtemps ignorant d’autres civilisations ou traditions au prestige traversant les siècles, l’exaltation de la beauté ait pu lui sembler son apanage, avec comme principal référent une place centrale de l’Homme dans l’Univers trouvant ses origines dans la Rome et la Grèce antique. L'Asie a, de tous temps, produit des œuvres d'art splendides et, contrairement à l'Europe, n'a pas concentré son art sur le corps humain, sur le nu masculin ou féminin. La vision asiatique se distingue de l'occidentale, l'homme n'y est pas « la mesure de toute chose », il est « une poussière dans le Cosmos ».
A la question de savoir si l'artiste fournit une vision simplifiée et figée de la Beauté, ses œuvres paraissant toujours dénuées de vie en comparaison de celles de la nature, Balzac écrit, dans Le Chef-d'œuvre inconnu, que « la mission de l'art n'est pas de copier la nature mais de l'exprimer ». Hegel montre que l'art ne peut pas rivaliser avec la nature, que l'ambition d'imiter la nature est vouée à l'échec. Les moyens dont dispose l'artiste ne lui permettront jamais une reproduction fidèle de la nature, dont le principe essentiel est celui de la vie. L’artiste doit donc compenser cette réduction inévitable par quelque artifice.
Or, la réalité, quelle qu'elle soit, ne nous apparaît jamais que comme une donnée de notre esprit : ce que nous appelons le monde est le produit de nos sens et de notre intelligence, produit de la conscience par l’esprit des objets observés au moins autant que de la nature des choses. Dès lors, toute œuvre d'art est nécessairement l'expression d'une âme, même quand elle ne parait être que la copie d'un objet. Pour Platon, l'artiste ne saisit pas l'essence de la nature mais seulement ses apparences sensibles. Plus un artiste a du génie, plus il transfigure le monde en le reflétant. De là le mot profond de Bacon : ars homo additus naturae (l'art est l'homme ajouté à la nature). Et accède ainsi à une part qui le dépasse, selon ce mot d’André Malraux : « On peut aimer que le sens du mot art soit de tenter de donner conscience aux hommes, de la grandeur qu'ils ignorent en eux ».
Or, la peinture chinoise n'est pas juste une représentation visuelle de ce que l'artiste voit ou imagine, il s'agit plus de l'expression d'un mode de pensée, mettant en avant l'harmonie entre l'homme et l'univers, et le dynamisme de cette relation. Ma compréhension de l’Art Chinois rejoint cette citation de Stendhal : la beauté n’est que promesse de bonheur (De l’Amour). La grâce serait plus belle encore que la beauté car elle aurait les charmes de l’imprévu, tandis que la beauté serait liée à l’idée que l’on s’en fait. Il y a, de toute évidence, un Génie artistique chinois qui participe au symbole de l’Universel artistique de la Grande Beauté.
Peut-être même plus que l’occident qui semble avoir abandonné depuis un certain temps déjà l’ascension des sommets de la Grande Beauté. Ainsi le beau n’est plus la valeur suprême de son art. Déjà, le Romantisme, s’il continue à réserver l’expérience du Sublime à la Nature, en sépare l’Homme qui devient une créature centrée sur sa souffrance, comme devenue seule, séparée, délaissée par le Cosmos, s’invitant ainsi à explorer la laideur. Hugo oppose un beau « faux, mesquin et conventionnel » aux perspectives innombrables et passionnantes du Laid. Par suite, le XXème siècle, dit moderne, s’est signalé par un puissant courant de dés-esthétisation de l’art (art brut, arte povera, body art…) préférant l’insignifiant, le quelconque, le trivial, voire l’obscène, à l’Harmonie. En même temps que l’image de l’ancienne figure du monde s’en va dans les déséquilibres tragiques du XXe siècle : guerres mondiales, massacres, génocides, ébranlant la confiance en l’homme et dans le concept de progrès cher au XIXème siècle, une importante révolution plastique se met en place.
Elle est accompagnée d’une remise en cause philosophique de la raison, dont la déclinaison occidentale fut la pensée cartésienne, et de la naissance de la psychanalyse, abolissant l’unité du sujet conscient pour révéler un sujet clivé entre le « moi » et les différentes instances inconscientes. Les artistes, ébranlant les codes figuratifs traditionnels, s’attaquent à la représentation humaine, pour en donner une image disloquée, géométrisée, déformée, défigurée. D'une manière générale, la conception moderne de l'art se démarque de la conception classique : le beau ne doit plus être découvert dans la nature qui contient la beauté parfaite, idéale, mais il doit être inventé. La beauté se trouve désormais dans l'esprit de l'homme lui-même, et non dans l'ordre de la nature. Or, pour l’homme postmoderne, l’expérience esthétique devient très intellectuelle. Elle est issue d’un savoir et d’une culture historique, les normes de beauté ayant sans cesse changées d’une époque à une autre. Il nous faut aujourd’hui de l’audace dans la provocation, de l’inédit, de l’insolence, de la violence visuelle, bref notre goût postmoderne mesure la valeur au choc susceptible d’être produit, du coup l’art du passé ne retient plus notre intérêt esthétique. Peut-on encore appeler ça de la Beauté ?
Sans doute l’Occident n’a pas su opérer la synthèse ramenant à l’Unité la séparation. Peut-être que l’Orient, ce robuste Orient Chinois aux racines multimillénaires, peut lui apporter un espoir créé par le mouvement, engendré par la dualité, qui serait à même de ramener ses pas sur le chemin de la quête vers la Grande Beauté.
Pour Aristote, le propre de l'art est bien d'imiter la nature, mais l'intention de l'artiste n'est pas, alors, d'atteindre le Vrai, lequel n'est pas objet de l'art mais celui de la science, l'Artiste devant viser le vraisemblable. Et si, en ces 500 ans de naissance de Léonard de Vinci, la fusion de l’esprit Artistique et de l’esprit Scientifique, et toutes les innovations qui en découlent, en termes de technologies, de matières comme de formes voire de mouvements, constituait une voie, voie Royale entamée durant la renaissance, pour vivifier le voyage de l’esprit vers l’horizon de la Grande Beauté ? Plus profondément, la Science a considérablement progressé sur la description des relations entre les parcelles et échelles de réalité, dévoilant les mécanismes du Cosmos les uns après les autres, et démystifiant même un certain nombre de secrets de la vie.
Dès lors, l’Art, cet Art qui partage avec la Science des idéaux d’émerveillement, de recherche et de Création, ainsi que des buts de découvertes au service de la vie des Hommes, outre la visée de la communication de l’Universel et du Vraisemblable dans le cœur des Hommes, ne doit-il pas rejeter la facilité de la provocation ?
Et se servir de l’exosquelette de la Science au sein de la complexité du monde pour innover dans l’art de la Grande Beauté n’est ce pas perdre la grâce, le mystère et la poésie ?